Sur un forum politique, comme l'on dit, "de haute tenue", la question est mise sur la pauvreté par une intervenante qui n'a pas son rond de serviette en ces lieux bien fréquentés. Comme les habituels clowns à pochette répondent évidemment à côté, et d'une manière que je trouve particulièrement obscène, je ne peux résister à l'envie de mettre mon grain de sel. Personne n'est jamais concret et précis, quand il s'agit de ces choses-là. Tout le monde se met sur le champ à "être pauvre", c'est très amusant. On dirait que la vérité fait peur. Ce n'est pas une raison néanmoins pour prendre les gens pour des cons. Comme je mentionne le fait qu'il me reste 200 euros par mois (et parfois beaucoup moins)*, une fois payées toutes les factures qu'on ne peut éviter, un des intervenants me fait le coup de la pauvreté relative.
« Par exemple, personnellement, je ne voyage jamais, si j'avais le goût du voyage, je me sentirais misérable, voilà tout. Quant au "découvert", en effet, j'ai longtemps vécu "à découvert", et, en effet, j'en connais qui n'en supporteraient pas l'idée. »
Êtes-vous propriétaire ? Combien vous reste-t-il quand vous avez réglé les factures "incompressibles" et obligatoires, voici les questions, très simples, qui permettent d'évaluer le degré de richesse ou de pauvreté réelles d'un individu, aujourd'hui. Et cette andouille vient me parler de voyages, et de "vivre à découvert", comme s'il était question de ça ! Comme si le fait de "vivre à découvert" pouvait être un choix de vie, un tic de dandy ou de négligent, une sorte de vice, ou de snobisme, en somme… "J'en connais qui ne supportent pas l'idée" !!! Pauvre con. Je ne te parle pas d'idée, abruti, je te parle de la réalité, de la réalité incontournable, de celle qui revient, mois après mois, tu vois, et qui fait qu'on ne se chauffe pas, par exemple, ou qu'on ne se soigne pas, quand les médicaments ne sont pas remboursés, qu'on ne change pas de lunettes alors qu'on y voit très mal avec celles qu'on possède, tu vois, tu comprends ça, pauvre connard de mes deux ? Alors "les voyages", tu vois, on n'y pense même pas. "Avoir le goût du voyage", ou pas, n'est pas un problème qui se pose, ici. Tu peux comprendre ça, pauvre tache ? Je ne te parle pas de "seuil de pauvreté" ou de statistiques, pauvre andouille, je te parle de faire durer 10 euros une semaine et de manger toujours la même chose, tu piges ? Ce "si j'avais le goût du voyage" est à hurler ! Et le goût de te nourrir, tu l'as, pauvre con ? Et celui d'avoir chaud l'hiver, tu l'as aussi, crétin ?
Mais ce que je suis con, je n'y avais même pas pensé ! Il suffit donc que je prévienne ma banque : « Ah oui, Cher Ami, je voulais vous prévenir que désormais, je vais "vivre à découvert", hein, ne vous inquiétez surtout pas, c'est normal. C'est seulement une manière différente de vivre, vous voyez ! Je ne mettrai pas plus sur mon compte, mais en revanche, je retirerai beaucoup plus, environ le triple, oh, je sais être modeste, ne vous inquiétez pas ! » En une année, j'aurais un découvert de 10 000 euros, et puis voilà… Il suffisait d'y penser.
Pour le goût des voyages, on verra ça plus tard. J'ai encore beaucoup à apprendre.
(*) Deux cents euros (ou beaucoup moins) avec lesquels il faut se nourrir, mettre de l'essence dans la voiture (car elle est indispensable), etc.
(*) Deux cents euros (ou beaucoup moins) avec lesquels il faut se nourrir, mettre de l'essence dans la voiture (car elle est indispensable), etc.