Vous consommez ? Non, je veux, dire, vous consommez du sexe ? Vous arpentez les trottoirs virtuels à le recherche de viande réelle à dominer machistement ? Vous êtes en quête d'une créature horizontale dont votre désir putride fera sauter le joint de culasse et provoquera l'amorçage de la pompe à soumission ? Vous ne rêvez que d'engorger les canalisations de la travailleuse en levrette, que d'éponger la fente à génie de votre sceptre raidi par l'ankylose de la solitude miséreuse, que de piston échauffant le cylindre humide dont vous allez vaporiser les sucs dans une étuve infernale et joyeuse, que de gloussements rauques de pandémonium d'alcôve, que de gémissements génétiques, que d'atrocités sucrées et liquides, vous vous voyez déjà cyclope festoyant dans la caverne, ivre explorateur du gouffre des commencements, champignon atomique au-dessus de la mare primordiale ? Vous avez la veine qui palpite, le front moite et les mains exténuées de caresses retenues, les jambes arquées par des bourses gonflées d'allégresse empêchée, les yeux exorbités de voir à travers la nuit, les paumes creusées par des mamelons comme des volcans avant l'éruption, la narine qui s'effluve du musc douloureux, la langue qui s'agace de son soliloque ? Vous oyez par avance la chorale utérine, vous vous installez mentalement aux grandes orgues de la tripe, vous tournez déjà la clef du coffre aux vents, vous soufflez en pensée dans le tuba aux haleines, vous vous rincez l'œil avant l'heure dans la fontaine de cyprine ?
Vous n'êtes pas du "parti abolitionniste" (il n'existe pas de hasard, et l'histoire n'a qu'un seul sens, au pays de Big Mother : les abolitions sont une une longue chaîne de vertu qui a commencé avec celle de l'esclavage, puis celle de la peine de mort… on vous laisse voir venir…), si vous avez répondu positivement aux questions posées plus haut, et vous êtes par conséquent de l'Offensive réactionnaire scandaleuse. Vous êtes de ceux qui ne trouvent pas scandaleux de payer pour rétribuer celle qui a décidé de vous livrer son corps pendant quelques minutes, mais cela ne fait pas de vous celui qui va donner avec enthousiasme 1500 euros à l'État, ou à la collectivité gentille, pour une transaction corporelle consentie par les deux parties en présence. Vous devriez pourtant vous scandaliser de ne pas vous scandaliser, et c'est bien la raison pour laquelle Big Mother vous soumet à l'impôt moral, à la fessée au porte-monnaie, à l'amende citoyenne censée vous rectifier l'âme et vous ramollir le braquemart, à la sanction tranquille de la redistribution sexuelle. Vous êtes en excès de vit comme d'autres sont en excès de vitesse, il est donc juste que la société distribue votre argent aux nécessaires nécessiteux qu'elle s'évertue par ailleurs à fomenter de toute part afin de s'attendrir elle-même de les soulager (un peu). Vous vouliez donner votre semence mais on préfère vos économies ; dans tous les cas, il s'agit d'une contribution à l'espèce, même si les cons à qui vous donnez votre obole ne sont pas de la même. 1500 euros la passe, mais c'est donné, au sens propre ! Pris la main au panier, le clef dans la serrure, en situation d'infidélité aux valeurs progressistes, il faut cracher au bassinet après avoir lâché la purée. Normalement, en pareille situation contre-révolutionnaire, on devrait vous raccourcir l'asperge, histoire de vous faire comprendre de quel bois Big Mother se chauffe le berlingot quand on lui manque de respect, mais soyez tout de même bien conscient que vous êtes seulement un môme un peu fruste à qui on colle gentiment une beigne pour lui apprendre les bonnes manières, et remerciez la de ce qu'elle ne vous inflige pas le confessionnal citoyen et la pension alimentaire à vie pour une assoce de quartier.
343 salauds ont cru qu'ils pouvaient réclamer leur pute avant d'aller au lit avec un verre de lait chaud et un Lexomil. « 343 mâles dominants qui veulent défendre leur position et continuer de disposer du corps des femmes par l'argent. », c'est Anne-Cécile Mailfert qui résume la situation et sait lire entre les lignes torves des salopards. La domination est un vice très courant dont j'avoue être moi-même assez friand. Il y a peu, encore, j'ai entretenu une relation de ce type avec une commerçante qui tient une boulangerie. Cette brave dame ayant décidé de vendre son pain, je me suis glissé dans sa boutique, assez ému par ma folle témérité, et la tenancière m'a remis une miche contre une pièce. Inutile de dire que je n'ai pas traîné sur les lieux de la transaction et que bien vite je suis remonté dans mon automobile pour me soustraire aux regards lourds de reproche que je sentais sur moi. Je ne sais pas si j'aurai le cran d'y retourner, bien que l'envie de défendre ma position soit pressante. Rien que d'y repenser, avoir ainsi disposé de la miche encore chaude de cette créature grâce à mon argent me procure un sentiment de honte que je ne suis pas certain de pouvoir assumer. Dominer cette pauvre femme, fût-ce par l'entremise de sa miche, grâce à mon argent, voilà qui est difficile à soutenir longtemps devant un de ces tribunaux du Bonheur qui fleurissent dorénavant en notre belle France, en ce pays de cocagne où les agriculteurs, les infirmières et les profs sont les plus épanouis, les plus heureux, les plus enthousiastes de nos travailleurs — pas comme ces pauvres femmes que des mâles sournois, dominateurs et cyniques veulent asservir en leur achetant ce qu'elles vendent, en faisant mine de croire qu'ils ne font que faire honneur à l'offre que ces malheureuses font mine de leur soumettre, alors qu'elles ne demandent qu'une chose, les infortunées, qu'on leur refuse cet échange infâme qui les réduit en esclavage à l'insu de leur plein gré !
343 salauds ont cru qu'ils pouvaient réclamer leur pute avant d'aller au lit avec un verre de lait chaud et un Lexomil. « 343 mâles dominants qui veulent défendre leur position et continuer de disposer du corps des femmes par l'argent. », c'est Anne-Cécile Mailfert qui résume la situation et sait lire entre les lignes torves des salopards. La domination est un vice très courant dont j'avoue être moi-même assez friand. Il y a peu, encore, j'ai entretenu une relation de ce type avec une commerçante qui tient une boulangerie. Cette brave dame ayant décidé de vendre son pain, je me suis glissé dans sa boutique, assez ému par ma folle témérité, et la tenancière m'a remis une miche contre une pièce. Inutile de dire que je n'ai pas traîné sur les lieux de la transaction et que bien vite je suis remonté dans mon automobile pour me soustraire aux regards lourds de reproche que je sentais sur moi. Je ne sais pas si j'aurai le cran d'y retourner, bien que l'envie de défendre ma position soit pressante. Rien que d'y repenser, avoir ainsi disposé de la miche encore chaude de cette créature grâce à mon argent me procure un sentiment de honte que je ne suis pas certain de pouvoir assumer. Dominer cette pauvre femme, fût-ce par l'entremise de sa miche, grâce à mon argent, voilà qui est difficile à soutenir longtemps devant un de ces tribunaux du Bonheur qui fleurissent dorénavant en notre belle France, en ce pays de cocagne où les agriculteurs, les infirmières et les profs sont les plus épanouis, les plus heureux, les plus enthousiastes de nos travailleurs — pas comme ces pauvres femmes que des mâles sournois, dominateurs et cyniques veulent asservir en leur achetant ce qu'elles vendent, en faisant mine de croire qu'ils ne font que faire honneur à l'offre que ces malheureuses font mine de leur soumettre, alors qu'elles ne demandent qu'une chose, les infortunées, qu'on leur refuse cet échange infâme qui les réduit en esclavage à l'insu de leur plein gré !