Plus tard.
J'ai lu à l'abbé Mugnier mon Office pour l'Enfant Mort.
Tandis que je l'écrivais et qu'il me tenait tout entière sous son souffle, j'avais été prise de crainte, je n'osais plus l'achever. Un prêtre me rassura : « Délivrez-vous-en. On verra après. »
L'abbé Mugnier l'a agréé à cause du vers de cime :
En vous, Seigneur, le Mal est Bien…
où la violence de la révolte vient mourir, grondante encore, dans un acte de foi.
Mais j'endure mal de le lire tout haut et je souhaiterais que, plus tard, on le laissât se taire, dans le livre, comme une folle dont le cri fait peur.
(Notes intimes, Marie Noël)