Les malentendus sont une chose essentielle et compliquée. On ne peut vivre sans, et on sait même qu'il vaut mieux ne pas essayer. D'un autre côté, trop c'est trop. Parfois l'on s'en amuse, parfois c'est la désolation qui l'emporte. Plus Georges fait de l'ironie, plus on le prend au sérieux. Il y a peu, il écrivait une petite note où il s'en prenait à Renaud Camus. À lire quelques commentaires, à en entendre d'autres, Georges se rend compte qu'à peu près personne n'a compris de quoi il parlait. Il ne va pas en faire une maladie, mais tout de même.
Le ton général du blog est pourtant clair, Georges n'aime pas la blogosphère, ni les blogueurs. Il a entrepris de leur parler, sans espoir d'être entendu, mais en faisant pourtant comme si c'était possible. Georges a toujours pensé que les coups les plus durs venaient de l'intérieur d'un système ; qu'il était plus efficace, même si beaucoup moins confortable, de critiquer un monde quand on en fait partie que lorsqu'on le regarde de loin. On peut s'absenter de la blogosphère tout en tenant un blog : c'est le pari de Georges. On peut singer les singes, et défaire ou déplacer dans la nuit les traits de la marelle à laquelle tous ces néo-humains jouent désormais, la bouche en cœur et la baïonnette à l'épaule.
Quand on disait ici "qu'il fallait dire" à autrui qu'il n'était pas (assez) cultivé, il fallait évidemment comprendre qu'il fallait le dire aux blogueurs, à cette population informe et spectrale qui opinionne à tour de blog, qui fait tourner ses grand bras mous au-dessus du Réel comme pour le protéger de lui-même et du terrible mal d'être vivant. Il n'est jamais venu à l'idée de celui qui se fait appeler Georges de dire à quiconque qu'il n'est pas cultivé, c'est évidemment grotesque, mais là, en ce cloaque sur lequel flottent quelques nénuphars égarés, je pense qu'il n'y a pas lieu de se gêner, en effet, et qu'il s'agit presque d'un devoir. Ce devoir répond à l'impératif des blogueurs de nous donner leur avis sur tout et sur rien ; se mettant à l'avantage sur cette scène-là, il est plus que normal qu'ils en aient, en retour, les (minuscules) inconvénients.
En conclusion, mon Cher Tanguy de Gentilly, je n'ai pas raison contre Renaud Camus, bien sûr que non, mais j'ai raison contre vous.