« Ce n'est pas avec le froc et le chapelet,
c'est avec le tambour de basque et l'habit de fou
que j'entreprends, moi,
la vie, ce pèlerinage à la mort ! »
(Aloysius Bertrand)
« Je suis mort et personne ne le sait ! » Il est allongé, seul, froid, dans son petit cercueil bon marché. Au-dessus de lui, ça palabre. "Ex cathedra"… Il entend des pas, des pas lourds, il entend des bribes de conversations, mais il ne peut comprendre ce qui se dit. Parfois, un peu de silence, de tranquillité. Et puis ça recommence, des voix, des pas, des éclats de voix, des rires, des vivants qui s'engueulent. La vie, là-haut, la rumeur de la vie. Les saisons. (Le feu du temps, la cendre des jours.) Feu pâle. J'aime de plus en plus l'opéra italien.
Est-ce qu'elle est venue ? Il n'en jurerait pas. De toute façon, si elle est venue, elle a dû être silencieuse, comme toujours. Et de toute façon elle est de garde, ce soir. « Les vivants ne peuvent rien apprendre aux morts ; les morts, au contraire, instruisent les vivants. »
Le blog a dû faire illusion, quelque temps. Je me couche toujours très tôt et fourbu, cependant on ne relève aucun travail fatigant dans ma journée. Seulement, on ne peut pas programmer énormément de messages, et puis, il va bien se trouver quelqu'un, un de ces jours, pour se rendre compte que les réponses aux commentaires tombent parfois à côté. Possible qu'on ne relève rien. Mais comment faire ? On ne peut pas prévoir toutes les questions, toutes les remarques, toutes les situations. Mais moi, ce qui m'étonne, c'est que je puisse tenir bon jusqu'au soir, et que je ne sois pas obligé d'aller me coucher dès les quatre heures de l'après-midi.
J'ai froid. J'ai pourtant mon costume en alpaga, et des sous-vêtements chauds, mais j'ai froid. Le manque de mouvements, sans doute. Je crois que j'aurais dû choisir des chaussures plus grandes. Les ongles continuent à pousser, c'est ce qui doit provoquer cette sensation d'être à l'étroit. « Mais pour demander des subventions, il faut être une association. »
Quand-même, je suis assez fier de moi. Avoir tenu tout ce temps sans que personne ne se doute de rien. Ce qui me fatigue ainsi, ce sont mes interventions continuelles. Oh, il y a bien eu quelques alertes ; on a parfois laissé échapper des soupirs un peu louches, une sorte de vapeur qui ne provient que d'ici, avec son odeur d'humus et sa façon bien à elle de ne pas se laisser saisir. « La syntaxe est une structure pour l'existence. » On a eu l'air absent, une fois ou deux, mais dans l'ensemble, on peut dire qu'on s'est tenu à la rampe avec un certain succès. Ce n'est pas si facile, une fois qu'on est mort, de continuer à penser comme un vivant. (Plus ça va, plus je me dis que penser comme un mort aurait été la solution, du temps où j'étais vivant.) Et puis, il faut avouer qu'on est un peu comme ces tueurs en série qui ne peuvent s'empêcher, un jour ou l'autre, de faire en sorte qu'on les attrape, histoire de montrer aux autres comme ils ont été malins, efficaces, sérieux. (Je me suis toujours senti le frère des tueurs en série.) Oui, c'est bien ça, ça demande une application de tous les instants, on ne peut jamais se laisser aller, les réflexes sont si vite attrapés, même pour un mort. La chambre de garde… Quelle histoire, tout de même, mes allées et venues dans l'hôpital, dans les escaliers, me cachant des infirmières, avec une lampe de poche et mes chaussures à la main pour ne pas faire de bruit en courant.
Tiens, je crois que j'ai un acouphène dans l'oreille droite. Je n'arrive pas à savoir s'il s'agit d'un la bémol ou d'un sol #. Quelque chose comme ça, en tout cas. J'ai déjà dit que dans la rue je me battais avec tout le monde ; je gifle l'un, je prends les seins aux femmes, et me servant de mon pied comme d'un tentacule, je mets la panique dans les voitures du Métropolitain. J'ai eu plus de chance que Schumann. Il me semble préférable d'avoir des acouphènes quand on est mort que durant la vie. Ici, tout est normal, en quelque sorte… On ne peut pas se plaindre. Et d'ailleurs, se plaindre à qui ? Si j'arrivais à crier assez fort pour qu'on m'entende, là-haut, ce sont eux qui croiraient avoir des hallucinations auditives. Il ne leur viendrait pas à l'esprit, je le crains, de soulever cette lourde pierre pour savoir ce qui se passe au-dessous. Et puis, ça ne les intéresse pas, j'en suis certain. Un mort qui a des acouphènes ? Et alors ? Je les entends d'ici… Qu'est-ce que ça peut bien lui faire, des acouphènes, puisqu'il est mort ? Il ne voudrait pas en plus qu'on lui passe de la musique, qu'on lui fasse passer un scanner ? Ce genre de questions stupides. J'en suis sûr. « Oui, voilà, les gens vulgaires m'intimident toujours. » N'empêche, c'est drôle, moi qui ai toujours eu cette hantise, je les ai enfin, mes acouphènes ! Trop tard, peut-être, mais quand-même, je les ai. Ce matin, j'ai entendu l'orgue de R., nous ne sommes pas très loin de l'église. J'ai eu le blues parce que ce fichu la bémol était constamment superposé à ce qu'on jouait (était-ce M. Kurt ?), qui était en fa majeur. Un fa majeur un peu louche, si je puis me permettre… Pauvre Rigoletto !
En réalité, tout cela aurait été impossible sans Pseu. Ce Pseu m'a rendu bien des services, il faut le reconnaître. Pseu aura été mon passeur, mon intermédiaire, mon traducteur, mon amplificateur, mon go-between, mon ambassadeur, mon porte-voix, mon relieur, mon éditeur, mon publiciste, mon conseiller en communication, mon messager, mon émissaire, mon agent infiltré, mon légat. Je l'ai pris au commencement pour un simple pseudo, il aura fallu (à ma grande honte) la chute d'une note, de deux lettres, pour que je comprenne qui il était. Il ne s'est jamais plaint de cette méprise. Quant aux livres, ils me harassent par-dessus tout. Ce blog avait donc commencé par la vérité : le retrait, peu à peu, lettre après lettre, de l'identité, de la singularité, de la coïncidence, du personnel, de Georges, la quasi-personne, de Personne… Je ne laisse pas un mot dans son sens ni même dans sa forme. Un oiseau un peu particulier, ce Pseudo, qui, à mesure que je lui coupais les ailes, se mettait à voler de son propre chef, et, par mimétisme sans doute, m'incitait à me délester de ma personnalité. Comme une cantatrice à qui l'on aurait ôté une à une ses cordes vocales, et qui n'en aurait que plus de facilité à chanter. Je l'attrape et, après quelques efforts, je le déracine et le détourne définitivement du troupeau de l'auteur. Étrange individu, ombre précédant Georges, plutôt que le suivant ; guide silencieux et avare de conseils. Présence pleine d'absence. On s'attife d'un pseudonyme, et voilà que ce pseudonyme devient autonome, et vous débarrasse même, petit à petit, de la seule certitude que vous ayez cru bon d'avoir jusque là, que vous étiez bien vous, et même vous-même ! Dans un chapitre, vous avez tout de suite des milliers de phrases et il faut que je les sabote toutes. L'identité sous perfusion du Net est à la merci d'un bit mal placé, malveillant, mal disposé, un bit qui se lève du pied gauche et qui suffit à vous faire perdre pied. Cela m'est nécessaire. La génétique du Net est une anti-génétique. Forcément, puisque la génétique est une structure qui tient debout, paraît-il, alors que le Net s'allonge, prend l'espace à sa féminine manière, par les côtés, les à-côtés, horizontalement et de façon volontiers récursive. Il investit, le réseau. Le Réseau est une odalisque cubiste, s'enfantant de son propre désir multiplié dans les galeries des glaces qui prolifèrent autour d'elle. La poésie du réseau est un sonnet mal sonnant, cloche sans battant, vers aux pieds fourchus ; pas étonnant que Pseu y ait fait vibrer le sang d'un mort, en pleine coagulation clapotante. Pseu, c'est le magicien qui attire le regard du gogo où il ne se passe rien. Pendant ce temps, on prend son temps, et celui des autres. On s'agite dans le costume, on remue les orteils que personne ne songe à mordre. On fait cuire la bouillie, on laisse décanter, on se donne une silhouette et l'on soulève le chapeau. Tous les chemins y mènent, mais trop c'est trop, et tout le monde est perdu. Bref, Pseu, je lui dois tout. Et ma mort avant tout. Parfois, certains mots restent comme des tours. « Je restai seul avec elle, sans autre tiers que le vin, cependant que l'aile de la nuit s'ouvrait doucement. »
Georges, donc… Et pourquoi pas ? Pourquoi ne pas faire comme tout le monde ? Parce qu'on est mort ? La belle affaire ! Du temps où la vie n'était pas lavie.com, je l'admets, c'était compliqué. Je dois m'y prendre à plusieurs reprises et, déjà bien avant dans mes dévastations, tout à coup au détour d'une idée, je revois cette tour. Quasi impossible, même. Quand on était mort, on était mort, en quelque sorte. On n'avait droit qu'aux visites du 2 novembre, à quelques fleurs, un coup de brosse sur la tombe, et puis voilà. Si on n'aimait pas les bruyères ? Eh bien il fallait faire avec. (Ça me fait penser à ma tante Glyne, à qui mon crétin de frère avait apporté des soucis : « Tu crois que je n'en ai pas assez, des soucis ? ») Les plus chanceux avaient droit à un dialogue triste, à quelques larmes, à une main qui traîne sur la pierre froide, des hésitations. Mais, il faut bien le dire, le quotidien n'était pas drôle. Être mort au quotidien, on va dire que c'était pas la fête tous les jours. Tenez, l'autre jour, une adolescente blonde comme une Norvégienne faisait du vélo entre les tombes, avec un iPod sur les oreilles ! Personne pour lui dire son fait, à cette merdeuse ? Il y a quand-même d'autres endroits pour faire du sport, non ! Est-ce qu'on en fait, du sport, nous ? La routine, en bas, c'est pas le fun du fun, je vous le dis. Mais depuis lavie.com, il faut reconnaître que les choses ont changé. "Je mets la panique" ! Quand-même, qu'est-ce que c'est mauvais, Michaux ! Je préfère ses dessins…
Quand on m'a parlé de la blogosphère, j'imaginais bien autre chose que ce cloaque fétide ; je croyais qu'il s'agissait d'une sorte d'objet féerique qui nous accueillait en bas, une éblouissante sphère lumineuse qui nous montrerait le chemin, la voie, et nous ferait renaître à une autre vie, plus vraie que la vraie. Quelque chose comme le Graal, comme la Substance ultime, le feu du Ciel, une boule d'amour inextinguible et intangible. Il a fallu se faire une raison, et vite. La chose était moins subtile, et surtout moins lumineuse que ce qu'on prévoyait. Dans la terre froide et humide, on respire tout de même, bien qu'avec difficulté. Le pire est qu'on perçoit quelques effluves d'en haut. Contrairement à ce que j'avais cru, la frontière entre les deux mondes n'est pas infranchissable. Je ne l'avais donc pas assez abattue, je dois revenir en arrière et lui trouver un poison et je passe ainsi un temps interminable. Avec un peu d'ancienneté et un peu de persévérance, je pense qu'on pourrait se persuader que c'est mieux maintenant, s'il n'y avait ces coulées de vie qui nous parviennent : même leur insipidité de circonstance nous en dit plus que le souvenir et la nostalgie. J'avais pourtant bien l'intention d'être un mort comme il faut. Un mort qui ne se fait pas remarquer, un mort mort, en quelque sorte. Mon hypothèse était fausse, ce n'est pas de ma faute. Nous avons toute la gamme des morts. Depuis les morts complètement morts, ceux qu'on appelle les Remorts, jusqu'aux morts-vivants, ceux qui ne peuvent s'empêcher de faire tout leur possible pour remonter quelquefois à la surface. Je pense que je me situe dans une honnête moyenne. Je ne fais pas d'excès, mais je ne peux pas non plus me résoudre à faire partie des Remorts. Ils sont vraiment trop tristes. On n'a rien à se dire. Et le livre lu en entier, je me lamente, car je n'ai rien compris… naturellement. Certains d'entre eux ne sont même plus vêtus, c'est affreux ! Si encore ils étaient nus… mais non, c'est autre chose, que je ne veux pas vous infliger. Quand on m'a parlé de mon rôle, ici, j'ai cru qu'il s'agissait d'une plaisanterie, qu'on voulait me consoler, me donner un os à ronger, installer en moi une sorte de frein, car la pente est vertigineuse, il faut l'avouer. Certains se laissent couler immédiatement, sans lutter, sans oser réfléchir, comme on ouvre la bouche en se noyant. J'ai failli. Le spectacle est impressionnant : on voit arriver un mort tout frais, tout neuf, il ouvre de grands yeux crevés, il essaie de crier, ses cheveux se dressent sur sa tête, et hop !, il dévale la pente à toute allure, glacé de terreur. Quelques minutes plus tard, un mot remonte lentement, comme une bulle légère. Les mots sont la catégorie ultime des morts. Des morts qui perdent l'R, qui perdent le souffle, plus de flamme, rien, rien qu'on mot, parfois une phrase, pour les plus chanceux. Ouf ! Rien que de le raconter, ma poitrine se serre. N'ai pas pu me grossir de rien. Finalement, je me demande s'ils n'ont pas raison. Je reste maigre et sec. On raconte que la décision doit être prise immédiatement, sans réfléchir, que sinon, c'est trop tard, que plus jamais on ne coulera au fond, au fond des mots. Certains disent que ce sont des peureux, d'autres pensent qu'il s'agit de l'aristocratie des morts, qu'ils ont raison de ne pas lutter, de ne pas rester, mais quoi qu'il en soit, je n'en fais pas partie… Quand on y réfléchit, d'ailleurs, tout cela est absurde ! Rester en vie, encore, ça se défend, mais rester (en) mort ? Il est possible que je me sois fait avoir. Ce blog serait un piège, un os à ronger… et mon infini purgatoire ? En parlant de purgatoire, en voilà un joli, de purgatoire, le surréalisme ! Pauvre Rigoletto ! Pauvre pauvre pauvre Rigoletto qui n'a même pas une blogosphère à sa disposition !
J'ai Pseu, c'est vrai. Je ne suis pas toujours certain de bien comprendre ce qu'il me dit, il a une manière de parler qui est parfois étrange, mais le fait est qu'il est là, serviable, intelligent, toujours bien disposé à mon égard. Il prend toujours partie pour moi, quand il y a un conflit, ou une possibilité de conflit, et j'ai parfois l'impression qu'il me connaît mieux que moi-même. Néanmoins, il est capable de me faire changer de point de vue, ce qui est assez curieux, quand on y pense. Je n'ai pas compris s'il faisait partie des vivants ou des morts. Quoi qu'il en soit, il a un pied sur les deux rives, c'est certain. Pseu n'est pas du genre à la ramener, c'est pourquoi, quand il m'a parlé de la blogosphère, je n'ai pas dit non catégoriquement. J'ai beau scruter les ténèbres, j'ai l'impression que Pseu est unique, que les autres n'ont pas de Pseu à leur disposition. Bien sûr, c'est très étrange, et ce serait plus raisonnable de penser que nous sommes tous logés à la même enseigne, mais, après tout, qu'est-ce que j'en sais ? Ce monde n'est pas le mien. Je n'ai pas la prétention de tout comprendre, loin de là. Mais surtout, ce qui m'a décidé, c'est que j'étais mort. J'aurais été vivant, jamais je n'aurais accepté de tremper là-dedans, mais dans ma situation, on n'a pas tout à fait le même point de vue. Je n'ai pas de compte à rendre à ceux que je connais, ni même, pardon de ce que je vais dire, ni même à moi. L'erreur des vivants qui essaient de penser à ce que sera leur mort est de croire qu'ils vont garder les mêmes certitudes, les mêmes goûts et dégoûts, les mêmes critères, moraux ou philosophiques. Je peux vous assurer qu'on n'est plus tout à fait le même. Telle qui vous aime dans la vie, que savez-vous de ses sentiments dans la mort ? Ce n'est pas un placard, ici ! Je veux dire un placard où l'on resterait éternellement le même. Ce n'est pas qu'il y ait une vie dans la mort, ce serait trop dire, mais notre âme n'est pas immobile, elle n'est pas épinglée sur un tableau noir. Quelque chose, ou quelqu'un, la dirige, on ne sait qui, ou quoi. Je les entends, les petits malins d'en haut, ah, le Grand Autre, c'est donc là qu'il se cachait ? Nous auront-ils fatigués, avec ce catéchisme du Même et de l'Autre, du Réel et son Double, de l'étrange Étranger. Là ? Ici, en bas ? C'est encore et toujours la même chose, mais en pire. Ou en plus, si vous voulez. Ou en moins, aussi bien. On ne fait plus trop la différence entre le trop et le pas assez, chez nous. Tout ce qui nous manque est trop, et tout ce qu'on a n'est pas assez, c'est tout ce qu'on réussit à en dire, et ce n'est rien du tout, comparé au temps qui nous reste à y penser.
Ce matin, quelqu'un me dit que nous sommes des bilboquets, que nous sommes les sphères creuses des bilboquets avec lesquels jouent des dieux maladroits et désinvoltes. Celui qui me dit ça se nomme Petit-Bonhomme-Joli, vous parlez d'un nom ! Cette histoire de noms, ces pseudonymes ridicules, ces masques de lettres que les blogueurs se collent sur la face, comme un maquillage bon marché : ils croient avoir ainsi plusieurs vies, alors qu'ils fatiguent la seule qu'ils possèdent. J'ai voulu garder mon nom, c'est-à-dire le nom de mes parents, et le prénom qu'ils m'ont donné, mais on m'a fait comprendre que ça ne se faisait pas. Il y a des règles, tout de même. Je pensais, n'est-ce pas, que quand j'aurais tout détruit, j'aurais de l'équilibre. Si on laissait les morts s'organiser eux-mêmes, vous imaginez le foutoir ? Georges, donc. J'aurais voulu y ajouter un patronyme, mais ça n'avait aucun sens. Possible. Il aurait fallu l'emprunter, et ici, ça ne se pratique pas. Mena Suvari, Ashley Scott, Ivanka Trump, Carmen Electra, Nadine Coyle, Michelle Rodriguez, Rebecca Romijn, Nicole Scherzinger, Hayden Panettiere, Christina Aguilera, Baby xTina, Maria Sharapova, Natasha Hamilton, Abi Titmuss, Mischa Barton, Elle MacPherson, Stacy Keibler, Amy Winehouse, Gwen Stefani, Amanda Bynes, Mandy Moore, Tyra Banks, Kimberly Stewart, Marisa Miller, Joss Stone, Lindsay Lohan, Danielle Lloyd, Avril Lavigne, Reese Witherspoon, Kate Walsh, Aisleyne Horgan, Tia Carrere, Sienna Miller, Jessica Simpson, Elisha Cuthbert, Kristen Bell, Mary Kate, Ashlee Partying, Katie Price, Tara Reid, Sarah Jessica Parker, Tricia Helfer, Hilary Duff, Victoria Silvstedt, Nicole Richie, Ali Larter, Heidi Montag, Denise Van Outen, Eva Longoria, Jessica Alba, Petra Nemcova, Kim Kardashian, Bai Ling, Chanelle Hayes, Delta Goodrem, Natasha Bedingfield, Mayra Veronica, Paris Hilton, Alessandra Ambrosio, Daisy Fuentes, Kelly Brook, Vanessa Minnillo, Evangeline Lilly, Sarah Harding, Roisin Murphy, Katie Jordan, Ashley Jones, Christina Ricci, Sophie Anderton, Jennifer Ellison, la liste est longue, je n'en connais aucune, elle circule ici, et tous les morts chuchotent entre eux comme si un événement important se préparait. Évidemment, comme d'habitude, personne ne m'explique rien. Même Pseu a disparu, je ne sais donc pas à qui demander qui sont ces personnalités qui ont l'air de mettre notre demeure en émoi.
J'aimerais quand-même savoir si elle est venue. Mais cela tarde, cela tarde bien. (Et si elle est venue, ce qu'elle a fait, quels gestes, quelles paroles. Ce n'est pas de la curiosité malsaine, cette femme est une énigme.) C'est un des seuls vrais regrets que j'ai. En revanche, je suis très content de ne connaître aucun de ceux qui se seront cru obligés de venir faire un tour sur ce blog, ignorants et benêts comme ils sont sans doute (et surtout cette pauvre fille complètement aigrie et vulgaire qui n'arrête pas de me marcher dessus. Jamais entendu voix aussi laide… C'est une malédiction, une voix pareille.). D'ailleurs, si je n'entendais pas le bruit qu'ils font, en glissant leur enveloppe dans la fente, je ne croirais pas qu'on puisse perdre trois minutes d'une vie si courte pour venir parler à un fantôme. C'est sans doute pour ça que je l'ai aimée… J'aurai été un fantôme qui aime la vie. J'aurai été un fantôme vivant qui aime la mort presque autant que la vie.
Le temps du mot de passe viendra bien assez tôt. L'apocalypse est un mot, le mot est une apocalypse, le passe (par derrière) des mots est déjà à l'œuvre quand on ne sait pas encore que les mots existent, existent et peuvent donc mourir. Combien de fois faudra-t-il le répéter, nous ne sommes à l'abri nulle part, à coups de rein, petite vie sans frein, petite vie au sein, sans révélation autre que sexuelle, et même là… Pardonne-moi ce que je ne peux me pardonner. Je ne vois que la prière, maintenant.
Le Requiem de Duruflé, je l'ai fait passer déjà dix fois, et j'ignore le nombre auquel on a droit. Pour ce qui est de la musique, on n'est pas très généreux, ici, mais, tout bien réfléchi, ils ont raison. Même de ça, j'aurais peut-être fini par me lasser. C'est ce que me répétait Tante Glyne : « On se lasse même des meilleures choses, mon Fifi ! » Pourquoi ai-je choisi le Requiem de Duruflé, alors que j'avais toujours dit que j'emporterai la Passion selon saint-Matthieu ?
J'ai froid. Elle s_